Composante du Projet régional de santé (PRS) 2018-2028, le Schéma régional de santé (SRS) est en cours de révision pour affiner ses objectifs opérationnels. L’URPS Médecins Libéraux AuRA participe à cette concertation afin d’exprimer et défendre la médecine libérale dans l’ensemble de l’offre de soins et de services de santé. Rencontre avec le Dr Philippe Pradel, Président de CME du Médipôle de Savoie et membre au nom de l’URPS de la Commission spécialisée de l’organisation des soins (CSOS) aux côtés des Drs Frezet, Brégère et du Dr François qui en est le Président.
Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est le Schéma Régional de Santé ?
Le Schéma régional de santé (SRS) est une des trois composantes du Projet régional de santé avec le COS (Cadre d’orientation stratégique) défini au niveau ministériel suivant les consignes du gouvernement en place, et le PRAPS définissant les modalités d’accès à la prévention et aux soins pour les plus démunis.
Le SRS, désormais unique, est établi pour 5 ans, sur la base d’une évaluation des besoins sanitaires, sociaux et médico-sociaux. Il détermine des prévisions d’évolution et des objectifs opérationnels pour l’ensemble de l’offre de soins et de services de santé, y compris en matière de prévention, de promotion de la santé et d’accompagnement médico-social. Il fusionne les anciens schémas d’organisation des soins (SROS) et les schémas régionaux d’organisation médico-Sociale (SROMS).
Le SRS est révisé tous les 5 ans afin de s’adapter à l’évolution des besoins. Toutefois, chaque année, à la faveur des projets de loi de financement de la Sécurité Sociale votés par le Parlement, certaines priorités peuvent ressortir et donc faire évoluer le schéma.
Comment se déroule la révision du Schéma Régional de Santé ?
Il s’agit d’un travail coordonné et rédigé par l’ARS mais qui s’appuie sur les expertises et la concertation de très nombreux acteurs : représentants des professionnels de la santé – dont les URPS –, usagers, partenaires institutionnels, organisations syndicales, etc.
Parmi les instances qui participent à cette révision se trouve la Conférence régionale de la santé et de l’autonomie (CRSA) et ses commissions thématiques. La CRSA est une sorte de « mini-Parlement » sanitaire qui valide, amende et émet des propositions pour améliorer les politiques de santé au niveau régional, et, in fine, vivre mieux et plus longtemps… L’URPS Médecins Libéraux participe aux assemblées plénières et à la plupart des commissions de la CRSA. De nombreux élus, issus du collège 1 et 2, y sont investis.
Je siège quant à moi à la Commission spécialisée de l’organisation des soins (CSOS), dans laquelle je représente avec mes confrères élus de l’URPS Drs Frezet, Bréguère et François, les médecins libéraux que nous sommes. La commission présidée par le Dr François siège tous les mois, et est régulièrement consultée par l’ARS. Le Dr François a rédigé à la fin de l’été un avis concernant l’organisation des soins, lequel sera soumis ensuite à la CRSA. C’est sur la base des retours de tous les acteurs que sera ensuite finalisé le SRS, à paraitre cet automne.
Sur quels sujets intervient la Commission spécialisée de l’organisation des soins (CSOS) ?
L’organisation des soins s’intéresse essentiellement aux questions d’autorisations d’activité (chirurgie, rééducation, psychiatrie, soins intensifs, activité ambulatoire, permanence des soins), et d’implantation de matériel technique lourd (imagerie, radiothérapie, CEC ) sur le territoire. Nous analysons différents indicateurs, liés à la densité médicale et à la démographie, aux projections d’évolutions futures de certaines pathologies et demandes spécifiques, afin de réguler les autorisations sanitaires de manière la plus harmonieuse possible et aboutir à une adéquation entre les besoins et l’offre. Il s’agit de missions assez stratégiques, au cœur des politiques de santé et des problématiques d’accès aux soins sur les territoires.
Nous devons rester en alerte sur certaines évolutions, par exemple concernant les unités de soins intensifs, la chirurgie pédiatrique, la chirurgie oncologique, ou encore les autorisations d’activités de radiologie interventionnelles, afin qu’une offre suffisante soit maintenue en cette période post-covid. La littérature internationale montre que nous avons pris du retard à la fois en dépistage, mais également en matière de prise en charge. Il est impératif de ne pas fermer ces unités. Il faut également défendre notre secteur privé, en s’attachant à veiller et intervenir régulièrement pour que les politiques de santé ne reposent pas sur la seule autorité des hôpitaux publics et universitaires, mais s’envisage bien consensuellement avec l’ensemble des acteurs de terrain.
En quoi la médecine libérale joue-t-elle un rôle important en matière d’organisation des soins ?
La crise du système de santé actuelle n’est pas qu’une crise des urgences ou des hôpitaux, c’est aussi une crise de la médecine de premier recours, essentiellement libérale, affectant également les établissements privés et le secteur médico-social. Cela impose une réflexion collective.
La médecine libérale constitue un modèle résilient capable de transformer et d’améliorer les choses. Elle sait s’organiser collectivement territorialement (CPTS, équipes de soins spécialisées), avec les établissements privés, mais également en collaborant activement avec les groupements hospitaliers territoriaux. Ces derniers devraient d’ailleurs évoluer vers des groupements sanitaires territoriaux non-exclusivement publics, car nous le voyons, le succès de la réorganisation territoriale des soins passe par la participation des médecins libéraux et établissements privés. Cela permettrait d’améliorer l’offre de soins de proximité pour la population, de diminuer les dépenses publiques, d’augmenter l’attractivité de ces centres pour les professionnels de santé tout en permettant de « décongestionner » d’autres centres – notamment universitaires – saturés. La médecine libérale offre une qualité de soins et une réponse aux besoins des patients qu’il est important de valoriser et de développer.